Les Voyages de Don Quichotte
Exposition.
Montreuil à La Parole errante, juin 2001 à mars 2002
Photographe : Paolo Gasparini – © : La Parole errante
Cette exposition a été présentée dans les locaux de La Maison de l’arbre à Montreuil entre juin et décembre 2001.
L’exposition a été lancée pour le début des travaux d’aménagement de la Maison de l’Arbre. Une exposition-réponse à la question : « Avec quels mots, avec quelles images inventer un lieu culturel… ».
Deux catalogues d’exposition ont été réalisé :
Avant-propos édité dans le premier catalogue de l’exposition :
La Parole errante dispose d’un lieu à Montreuil. Ce lieu, nous sommes en train de le construire. Matériellement : les travaux sont lancés, une équipe d’architectes s’y consacre. Imaginairement, poétiquement : l’exposition « Les voyages de Don Quichotte » dresse l’inventaire des possibilités de fonctionnement d’un lieu culturel.
L’exposition comporte vingt lieux. Les arbres, l’anarchie, la bibliothèque en sont… Et rangés dans chaque lieu, des livres, des textes, des enregistrements sonores, des décors et des images. Entreprise thomiste construire un cloître avec vingt cellules. Chaque cellule est marquée d’un chiffre dans l’ordre de la connaissance et chaque mur renvoie à ses sources
arborescences qui mêlent le passé aux injonctions vivantes du présent et de l’avenir. Construire sa mémoire, n’est ce pas construire la connaissance ? Cette équivalence, les kabbalistes de la Renaissance l’ont posée et représentée comme un théâtre.
Aujourd’hui, le travail du physicien nous conduit à envisager la figure de l’auteur sur le modèle de l’observateur. Et nous avons fait de Gramsci « l’observateur auteur» qui met en route ce théâtre. Pourquoi ? Parce qu’il dessine une trajectoire dans le temps dont nous sommes encore redevables. Avec les outils qui furent les siens et ceux de son époque (la praxis, les conseils ouvriers, la résistance intellectuelle à travers l’étude et l’écriture en prison), il continue de signifier un certain écart, un déplacement encore fécond : s’extraire de l’isolement propre à chaque forme d’activité et de discours pour rejoindre le foyer d’une vie plus générale, plus partagée. Pour « l’intellectuel organique » défini par Gramsci, la pensée n’est pas séparée mais intéressée par les autres activités qui l’entourent, l’accompagnent ou la contredisent. L’activité intellectuelle prend corps et se déploie sur cette rumeur sous jacente. Puissance commune et anonyme, elle est la vie même qu’il faut sans cesse retrouver dans nos rapports : » Tous les hommes sont des intellectuels… »
Le geste de Gramsci (qui le conduit à quitter l’université pour participer aux conseils ouvriers, ou encore qui transforme l’expérience carcérale en expérience de vie) n’est pas isolé : il éclaire la cohorte des autres prisons et libérations qui ont suivi. L’exposition les met en scène : Tulle, où Gatti, jeune résistant, échappe de peu à la mort Long Kesh, en Irlande, où des militants de l’IRA font de la grève de l’hygiène un acte de résistance ; le camp de Châteaubriant, transformé en véritable université par ceux qui allaient fournir le groupe des vingt trois fusillés ; la Loubianka de Nestor Makhno et la Modelo de Durruti à Barcelone, où les militants emprisonnés reçoivent une formation intellectuelle et morale décisive. Chaque fois, dans l’épreuve de la limite, ils sont retournés à l’essentiel pour tisser des liens, partager des savoirs, échanger des connaissances. Et par là renforcer la capacité d’une communauté à s’instituer elle même.
Ni oracles, ni pythies, ces personnes ont eu, lorsque l’époque l’imposait, une posture juste en revenant au fondement de l’être commun. Dans l’exposition, Gramsci n’est donc pas seul. Sous le même toit, la voix d’Antonio Negri tend l’arc de ceux pour qui l’existence est un questionnement critique adressé à une société étouffée par le consensus. « Dans quel but? Pour reconstruire cet état d’émulation collective, cette joie de la transformation, ce bon goût du savoir commun » (A. Negri), et formuler, malgré tout, une alternative aux tragédies de l’histoire.
L’exposition ne bâtit ni un martyrologe, ni un musée des réprouvés. La nécessité de décloisonner les savoirs, de construire des voies singulières liant les disciplines et les expériences sociales signent son origine. Sous le regard tendre d’Antonio Gramsci, se retrouvent ceux qui ont bousculé leurs propres repères pour en chercher d’autres et les confronter à l’épreuve du monde.
Pour nommer ce mouvement libéré de ses amarres vers de nouveaux continents (sortir, s’en aller…), nous nous en remettons à Jacques Rancière, pour qui « toute distribution du savoir est une intervention poétique ». Transporter des questionnements spécialisés vers des territoires auxquels ils ne sont pas destinés, provoquer la rencontre d’individus et de groupes que tout sépare : autant de tentatives pour déplacer les limites et les frontières d’un présent dans lequel nous agissons, sentons et réfléchissons tous. En quoi une telle intervention, un tel déplacement sont ils « poétiques » ? C’est qu’ils bouleversent le paysage général des certitudes, des habitudes, des sensations, des regards et des écoutes. Ils animent et renouvellent ce que nous tenions pour la scène « réelle » de notre vie. « Poétiques » aussi parce que le principe de tout cela, ce sont des mots (donc des idées, des connaissances, des affects…) et la façon dont ils perturbent la distribution autoritaire des corps, des places et des fonctions. Là, ces vocables si malmenés, vagues à force d’usure, « savoir » et « connaissance », gagnent sans doute une évidence de sens, recentrés à nouveau au milieu de tout. Peut être s’inscrivent ils dans ce que Gatti appellerait « la recherche d’un nouveau langage d’univers ».
Stéphane Gatti, Pierre Vincent Cresceri et Nicolas Bersihand.
Manifestations au sein de l’exposition :
L’Enclos : Poème. Mise en scène par Michel Simonot. Présenté à Barcelone, Lisbonne, Thionville, Paris et à Montreuil dans le cadre de l’exposition Les Voyages de Don Quichotte.
L’Internationale , texte d’Armand Gatti mise en scène par Sarah Franco-Ferrer dans le cadre de l’exposition Les Voyages de Don Quichotte.
La Passion du général Franco par les émigrés eux-mêmes , texte d’Armand Gatti mise en scène par Stéphane Arnoux dans le cadre de l’exposition Les Voyages de Don Quichotte.
Disdascalie se promenant seule dans un théâtre vide , texte d’Armand Gatti lu par l’auteur.
Conférences / rencontres avec Jean-Pierre Faye, Madeleine Reberioux, Jean Chesnaux, les poètes Julien Blaine, Claude Faber et Bertrand Cantat, les philosophes François Julien et Miguel Abensour, les scientifiques Francis Bailly, Guy Chouraqui, Etienne Klein, Michel Blais, Jean-Marc Lévy-Leblond, …
Cette exposition a été conçue par Stéphane Gatti avec la collaboration de Pierre-Vincent Cresceri,
Nicolas Bersihand.
Ce travail a été produit par La Parole errante.
Avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication, du ministère de l’Éducation nationale, de la Délégation interministérielle à la Ville, de la Direction Régionale des Affaires culturelles d’Ile-de-France, de la Préfecture de la Seine-Saint-Denis, du Conseil Régional de l’Île-de-France, du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis, du Centre national de documentation pédagogique de l’Université de Paris VIII et du musée d’Histoire vivante de Montreuil.
Les Lits, la cuisine et le psychiatre :
5 expositions autour de Lucien Bonnafé
Ile-deFrance, octobre 2005
« Notre culture poétique fraye pour nous des voies nouvelles à la communication. Elle nous permet de saisir des évidences neuves. Grâce à elle, nous avons accès à un registre verbal élargi, nous percevons mieux les harmoniques et les résonances, le monde du symbole devient mieux communicable, et notre expression elle-même rend un écho plus juste. Ainsi, nous devenons plus efficaces. »
Lucien Bonnafé
Lucien Bonnafé, ami des surréalistes, psychiatre désaliéniste, résistant, c’est au travers de cet homme que nous avons entamé un voyage dans la psychiatrie en Ile-de-France.
Nous avons rencontré ceux qui avaient connu, croisé ou suivi les traces de Lucien Bonnafé. La rencontre avec Lucien Bonnafé renvoie d’abord à un paysage de mots, ceux de la poésie, de la philosophie, de l’histoire. Le surréalisme, l’épistémologie, la guerre…
Au nom de l’impossible abandon de la folie à la langue des spécialistes, il a proposé un désaliénisme : la rencontre d’un « art de l’écoute et de l’écho », du « droit au vagabondage de l’esprit » et la participation aux « grands bouleversements de l’époque », seule condition pour prendre langue avec la folie.
Nous vous invitons à écouter sur notre site, Lire Lucien Bonnafé (site complémentaires aux expositions) , les travaux sonores réalisés à partir des rencontres faites dans les secteurs de Bondy, Corbeil, Paris-Centre et Morsang-sur-Orge. Ils déclinent différents aspects de la pensée de Lucien Bonnafé et la façon dont elle continue aujourd’hui de travailler l’univers contrasté de la psychiatrie publique.
Un catalogue d’exposition édité en par La Parole errante a été également réalisé (128 pages) – EPUISE :
Nous avons rencontré :
Isabelle Aubard, Claire Avram, Jean Ayme, Jacques Azoulay, Cherifa Azzaz, Pierre Bailly-Salin, Guy Baillon, Antoinette Baronne, Patricia Ben Rabah, Françoise Bernard, Marie-Pierre Boiteau, Marie Bonnafé, Martine Bourdin, Cécilia Bouzard, Françoise Brandeho, Mireille Brémond, Paul Brétécher, Isabelle Brossier, Julien Bufnoir, Yves Buin, Elisabeth Burg, Hélène Chaigneau, Patrick Chaltiel, Franck Chaumon, Serge Cholet, Bernadette Chevillion, Estelle Chinahiti, Phillipe Clément, Serge Cloarec, Alain Deniau, Linda De Zitter, Bernard Doray, Fatima Doukhan, Michel Duterde, Roger Ferreri, Céline Fogler, Michelle Fournial, Yves Gigou, Brigitte Gouesse, Frédéric Gramazio, Michaël Guyader, Claudine Hersant, Thimoté Jochel, Sylvain Joseph, Vassilis Kapsambelis, Annick Kouba, Serge Klopp, Yves Lebon, Françoise Le Gouestre, Claude Louzoun Paul Machto, Pierre Maire, Brigitte Marjolet, Françoise Maupomé, Lise Maurer, Roger Mises, Pierre Noël, Bernard Odier, Jean Oury, Eric Piel, Chantal Piquet, Sylvie Pont, Florence Quartier, Jacqueline Riquier, Rodolphe Roelens, Valérie Rouxel, Pedro Serra, Anne-Marie Kervern, Violetta Mesnard, Marianne Leroy, Claude Louzoune, André Roumieux, Jacqueline Schwarz, Anne-Marie Secret, Bernard Sigg, Jacqueline Simonnet, Danielle Sivadon, Alain Simard, Pierre Singlis, Sylvie Valérie, Arnaud Vallet, Laurent Vassal, Annie Vacelet, Véronique Veniger…
Les 5 expositions
« Le bureau de Lucien Bonnafé »
Cette exposition s’est tenue à Confluences, 190 boulevard de Charonne 75020 Paris
La maison de Lucien Bonnafé a été vendue, une partie de ce qu’il possédait est allée aux archives. On ferme la boutique. Bonnafé, c’est fini. Vive Bonnafé !
Dans cette exposition, nous avons ramené les sédiments de ce qu’a laissé cet homme dans son bureau avant de partir. Une salle est dédiée aux images, cartes postales, textes accumulés et photos qui ont accompagné sa vie. Bonnafé était un agitateur. En permanence, il envoyait des messages urgents à tous ceux qui l’entouraient pour les maintenir en éveil. Une seconde salle donne à entendre des témoignages sonores sur » Bonnafé en héritage » et un questionnement sur la psychiatrie dans la ville, à partir des documents sonores réalisés à Corbeil, Bondy et Paris.
Cette exposition comprend un mur photographique conçu par Stéphane Gatti, des calques sur le parcours de Bonnafé, et » L’écoute et l’écho « , un entretien filmé avec Lucien Bonnafé, enfin un film sur le bureau de Bonnafé comme lieu de rencontre et de transmission avec notamment les témoignages des psychiatres Michaël Guyader et Roger Ferreri qui s’y rendaient régulièrement. Une présentation de son séminaire testamentaire « Histoire d’une idée fixe ».
« Cartographie de l’ailleurs »
Cette exposition s’est tenue au Centre de Jour Châtelet, 5 rue Saint-Denis 75001 Paris
« Depuis 2002, je vis rue des Prêcheurs, à côté du forum des Halles, dans un logement social. Le ventre de Paris, ça grouille. Rue Saint-Denis, rue Lescot, les gens se marchent dessus. C’est le quartier de la mode et de chez moi j’entends la musique à fond du lundi au samedi. La nuit, Châtelet, ce n’est pas fréquentable. C’est une autre ville plus effrayante encore. Les gens s’y croisent, viennent de loin et sont de passage. C’est un quartier plein d’inconnus. Depuis que j’ai quitté l’Algérie, j’ai vécu à Aulnay-sous-bois, à Aubervilliers, aux 4000 à la Courneuve, à Saint-Denis et je n’ai jamais eu peur. En banlieue, tout le monde se connaît. Les gens circulent d’un appartement à l’autre. Les femmes se retrouvent au square avec les enfants. Le jour de L’Aïd, il est d’usage d’inviter ses voisins, même s’ils sont français, à manger la soupe et le couscous. Lors d’un décès, la famille prépare le repas, installe une table et des tréteaux dans le couloir et les gens viennent présenter leurs condoléances, s’assoient et mangent. Dans la tour, les gens s’entraident. Ils vivent ensemble. À Paris, c’est l’isolement total. »
Extrait d’un texte de Mourad, Centre de Jour Châtelet
Si le « secteur » a provoqué la création dans la ville d’un réseau de lieux, et les équipes psychiatriques un nouveau tissu de relations, nous manque souvent la matérialité des circulations et des détournements que les patients instituent eux-mêmes dans le paysage urbain, depuis que l’asile ou le « grand hôpital » dont parlait Bonnafé n’est plus le seul lieu d’existence possible pour la folie.
Pour établir cette cartographie des circulations dans la ville du point de vue des patients, nous avons installé un atelier d’écriture et de sérigraphie au centre de jour Châtelet à Paris, transformé un temps en observatoire de la ville. Une série d’affiches a été réalisée avec des patients du centre, des récits ont été écrits, des trajets dans la ville enregistrés. Cette exposition rassemble les résultats de l’atelier, à la croisée des pratiques des soignants et des usagers, pour dire ce nouveau territoire de la santé mentale qui a pris le chemin de l’école buissonnière.
Cette exposition comprend 20 affiches réalisées avec les patients, des calques de l’atelier d’écriture et des enregistrements sonores sur le travail de soin dans la ville.
« Des lits debout »
ou comment faire le lit de la psychiatrie
Cette exposition s’est tenue à La villa à Corbeil, 10 rue du bas coudray 91100 Corbeil-Essonnes
Lucien Bonnafé citait souvent cet extrait des « Chants de Maldoror » de Lautréamont :
» Les obscurités à carapace de punaises, la monomanie terrible de l’orgueil, l’inoculation des stupeurs profondes, les oraisons funèbres, les envies, les trahisons, les tyrannies, les impiétés, les irritations, les acrimonies, les incartades agressives, la démence, le spleen, les épouvantements raisonnés, les inquiétudes étranges que le lecteur préférerait ne pas éprouver, les grimaces, les névroses, les filières, sanglantes par lesquelles on fait passer la logique aux abois . »
L’exposition de Corbeil-Essonnes s’intitule « Des lits debout ». C’était l’expression employée par Bonnafé pour convaincre ceux qui travaillaient avec lui, que le lit n’était pas seulement un mobilier de l’asile.
Le « lit » fait partie de la sémantique psychiatrique. Il est à la fois un indice économique et un euphémisme asilaire. On dit « ouvrir un lit », « fermer un lit ». Il sert à évaluer la psychiatrie, à saisir les enjeux économiques et politiques qui la secouent. On entend dire : « Le nombre de lits d’hospitalisation en psychiatrie a diminué de 22% » ou « Le ministre de la santé a annoncé un moratoire sur la fermeture de lits en psychiatrie suite au meurtre d’une infirmière et d’une aide-soignante durant leur nuit de garde ».
Entre le lit-monade de Georges Perec et le lit-naissance de la clinique de Michel Foucault, il y a l’immense imaginaire du lit psychiatrique tel qu’il sert encore à évaluer tous les moyens des soins de la maladie mentale.
Avant de partir à la retraite, Lucien Bonnafé a souhaité que son service se dote d’un certain nombre de lits. Son équipe, celle qu’il avait formée à intervenir dans la ville, a refusé. Aujourd’hui encore, cette question demeure en suspend et reste polémique.
Cette exposition comprend des calques sur l’histoire du secteur, un film réalisé à partir des entretiens de médecins psychiatres, des dessins et des enregistrements de patients sur le thème des lits ; ils commentent les photos qu’ils ont faites de leur lit.
Exposition réalisée avec les usagers de la Villa par la Parole Errante et Thérèse Amper-Jonas en partenariat avec Arimage et la Serhep Corbeil et le soutien du centre hospitalier Sud Francilien.
« Les lieux de vie et la ville»
Cette exposition s’est tenue à l’Hôpital de jour de Bondy, 16 rue du Breuil 93140 Bondy
En 1943, le poète Paul Eluard en route pour le maquis est accueilli par Lucien Bonnafé, directeur de l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban. Il y écrit le poème « Cimetière des fous ».
« Ce cimetière enfanté par la lune
Entre deux vagues de ciel noir
Ce cimetière archipel de mémoire
Vit de vents fous et d’esprits en ruine
Trois cents tombeaux réglés terre nue
Pour trois cents morts masqués de terre
Des croix sans nom corps du mystère
La terre éteinte et l’homme disparu
Les inconnus sont sortis de prison
Coiffés d’absence et déchaussés
N’ayant plus rien à espérer
Les inconnus sont morts dans la prison
Leur cimetière est un lieu sans raison. »
Ce poème fut un socle dans la démarche de Lucien Bonnafé. Toute sa vie, il a œuvré à travers sa conception du désaliénisme, à fermer les asiles pour que les fous puissent sortir des bâtiments où ils étaient relégués et qu’ils ne quittaient que le jour venu de déménager au cimetière. Aujourd’hui, la psychiatrie est dans la ville, elle s’organise. Des lieux de travail, des habitations, des circulations se mettent en place. À Bondy, un hôpital de jour s’est organisé autour du travail d’un cuisinier. À Corbeil, une association gère dans le foyer d’un théâtre un restaurant où les patients réapprennent à travailler. À Morsang-sur-Orge, un café curieux accueille des clients dans un décor aux arêtes questionnantes. Aujourd’hui, alors que ce mouvement continue à se développer, un contre-courant semble se mettre en place. Avec le risque d’un retour à une politique de grande concentration des soins, perceptible à travers la réforme hospitalière programmée pour 2007.
Cette exposition confrontera différentes expériences menées aujourd’hui pour continuer cette recherche d’espaces d’accueil de la folie. Pour soutenir ces lieux qui sont toujours les plus fragiles parce qu’ils se situent justement en dehors ou à la marge de la psychiatrie.
Cette exposition comprend des calques sur différentes expériences de lieux de vie, un film réalisé avec les commentaires de patients sur leur vie dans la ville aujourd’hui.
« Les infirmiers sur la ligne de front »
Cette exposition s’est tenue au Centre Médico-Psychologique du Figuier
2 rue du Figuier 75004 Paris
« Il s’agit moins de rendre les gens heureux que de les empêcher d’être malheureux. N’opprimez pas, voilà tout. Chacun saura bien trouver sa félicité. Un malade chez lequel serait établi le préjugé qu’il doit son bonheur à ceux qui le soignent ne le conserverait pas longtemps. »
Saint Just
Lucien Bonnafé commentait cette citation de la façon suivante :
« J’ai dit et redit depuis bien longtemps qu’on ne peut considérer la folie hors de sa dimension d’avatar malheureux dans la juste protestation de l’esprit contre une injuste contrainte ».
Immédiatement après-guerre, l’effort de Lucien Bonnafé a porté sur le « personnage du psychiatre » et la posture particulière qui lie savoir et pouvoir, celle qui permet de décider de l’autre et de ce qui doit être fait pour son bien. Une position qui avait mené aux catastrophes observées pendant la guerre. C’est donc tout à fait logiquement que le « Psychiatre désaliéniste » cherchait également à transformer celui qui à l’époque n’était que gardien d’asile en infirmier. Il soulignait sans cesse que l’infirmier était le plus proche et le mieux placé des observateurs pour accompagner le fou.
La formation de l’infirmier sera pendant des années sa préoccupation principale pour que se développe son potentiel soignant. Nous avons rencontré de nombreux infirmiers et une chose nous a frappé. Quels que soient leur âge ou leur formation, ils disent : » Finalement, nous soignons avec nous-mêmes. »
Cette exposition comprend des calques sur le travail infirmier et un film réalisé avec les infirmières du pavillon Tosquelles à Saint-Dizier.
Ce travail a été réalisé par Stéphane Gatti avec Jean-Baptiste Leroux, Pierre-Vincent Cresceri, Benoît Francès, Benoît Artaud, Cécile Geiger, Emilie Desjardins.
Il a été produit par La Parole errante avec la participation de la DRAC d’Ile-de-France, du Conseil Régional Ile-de-France, du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis et de la Ville de Paris.
Avec le soutien de l’association Confluences, de l’Hôpital de jour de Bondy, du Centre hospitalier Sud-francilien, du Centre de jour de Morsang-sur-Orge et de l’association »Les Temps mêlés ».
Comme un papier tue-mouches dans une maison de vacances fermée
Exposition
Montreuil, du 20 novembre 2008 au 8 juillet 2009
Vernissage le 17 novembre 2008 à 18h30
« Nous sommes partis des archives de Jean-Jacques Hocquard passées au crible des écritures gattiennes, dépliées par les auteurs mêmes des tracts et des journaux de Mai, dépoussiérées par ceux qui depuis 68 en ont développé les pistes ».
L’exposition « Comme un papier tue-mouches dans une maison de vacances fermée… » est une circulation dans les écrits de Mai 68.
D’abord les tracts du 22 Mars puis le journal Action, les journaux de ceux qui voulaient fonder un parti, La Cause du peuple, Rouge et enfin les journaux de ceux qui suivaient le mouvement comme Tout !, les Cahiers de Mai, Le Torchon brûle.
Ce trajet qui suit les quatre murs de la salle est ponctué par les pièces d’Armand Gatti durant cette période.
En contrepoint dans des cabines, on peut entendre ceux pour qui 68 était le début ou le démarrage vertical d’un travail de longue haleine. Philosophe, agriculteur, anthropologue, chômeur s’y côtoient.
Un chercheur irlandais nous a demandé ce que nous avions conclu de cette plongée de six mois dans les archives. Nous sommes restés cois car loin de vouloir boucler cette histoire, nous avons voulu l’ouvrir le plus largement possible.
Dans un couloir qui longe la salle sont affichés les principaux textes d’Armand Gatti à Berlin. Après l’interdiction de La Passion du général Franco par le gouvernement français, Gatti s’est exilé à Berlin. C’est là qu’il a découvert l’extrême gauche, qu’il a manifesté avec elle.
L’exposition a été conçue pour accueillir pendant quatre mois des rencontres reprenant les thèmes exposés et les débattre.
Télécharger le descriptif complet de l’exposition
Parutions autour de l’exposition :
Ouvrir le livre de Mai (Tracts et journaux)
Catalogue et entretiens filmés avec :
Tracts du 22 Mars : Jean Pierre Duteuil et Prisca Bachelet / Action : Jean Schalit et Marc Kravetz / Cahiers de Mai : Jean-Louis Péninou / La cause du peuple : Jean-Pierre Le Dantec / Rouge : Daniel Bensaïd / Vive la révolution : Tiennot Grumbach / Tout : Roland Castro / Le torchon brûle : Nadja Ringart / L’idiot international : Jean-Paul Dollé.
Éditions La Parole errante, 2008 (297 pages)
Commander le catalogue (20€ + frais de port)
Mai 68 ? (Vivre les questions)
Entretiens filmés et retranscrits avec :
Henri Benoit, dessinateur industriel / Daniel Bensaïd, philosophe / Paul Brétécher, médecin psychiatre / Laurent Cartier, agriculteur / Francine Demichel, juriste / Patrice Duprat, chômeur/ Jean-Pierre Duteuil, éditeur / Daniel Guibert, architecte / Nicolas Hatzfeld, historien / Marc Kravetz, journaliste / Jean-Pierre Le Dantec, ingénieur / Françoise Lenoble Prédine, puéricultrice / Gus Massiah, fondateur du CEDETIM (Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale) /Gilles Olive, ingénieur / Jean-Claude Polack, médecin psychiatre/ Anne Querrien, sociologue / Jacques Rancière, philosophe/ Emmanuel Terray, anthropologue / Marie-Noëlle Thibault, historienne et écrivain / Jean-Pierre Thorn, cinéaste.
Écrire en mai 68 / Armand Gatti
Catalogue et entretiens filmés avec :
Jean-Jacques Hocquard, Hélène Châtelain, Francis Gendron, Jean-Louis Pays, Dominique Lurcel, Daniel Dubois, Monique Charrier, Michel Séonnet.
Éditions de La Parole errante, 2008 (292 pages)
Commander le catalogue (20€ + frais de port)
Dans le cadre de l’exposition Comme un papier tue-mouches dans une maison de vacances fermée (jusqu’au 10 mai 2009, à La Maison de l’Arbre, Montreuil) la Parole errante publie Écrire en mai 68 / Armand Gatti, un livre-catalogue qui témoigne de la présence théâtrale débordante de Gatti en 1968 dans trois domaines: le livre, la scène, la rue. La même année en France, trois de ses pièces sont successivement publiées au Seuil: Les 13 soleils de la rue Saint-Blaise créée le 15 mars par Guy Rétoré au Théâtre de l’Est parisien; La Naissance, mise en scène le 18 septembre par Roland Monod à la Biennale de Venise puis reprise à partir du 8 novembre au Théâtre Romain-Rolland de Villejuif; La Passion du général Franco, qui doit être mise en scène par Gatti au TNP mais qui est interdite le 18 décembre suite aux pressions du gouvernement espagnol. À partir d’avril-mai, Gatti a commencé à écrire des pièces d’intervention – comme Les Hauts Plateaux qui parait dans le journal Action-pièces qui seront réunies plus tard sous le titre de Petit manuel de guérilla urbaine. La mort du lycéen Gilles Tautin, noyé à Flins en juin sera au centre de Interdit aux plus de 30 ans, pièce qu’il écrit l’année suivante. Recueil de documents parfois inédits, Écrire en mai 68/Armand Gatti propose des témoignages de collaborateurs proches de l’auteur, un décryptage partiel des cours qu’il avait donnés en 1970 à l’Université libre de Berlin, en particulier sur le théâtre de rue, un entretien avec Denis Bablet paru en 1971 dans la revue “Travail théâtral”, ainsi que le texte de L’Interdiction de La Passion du général Franco, impromptu que Gatti écrit en réaction à la censure de La Passion du général Franco. 68 est une année charnière où Gatti commence à expérimenter d’autres méthodes d’écriture: écrire la pièce en temps réel pendant les répétitions, faire des témoins de l’écriture les acteurs du spectacle, écrire dans la rue, inventer le théâtre hors du théâtre. Elles vont guider son travail jusqu’aujourd’hui.
(Présentation de : Orphéon Théâtre – Bibliothèque Armand Gatti)
Ce travail a été réalisé par Stéphane Gatti et Pierre-Vincent Cresceri assistés de Tiffany Anton, Benoît Artaud, Marie Baqué, Reyzane Benchiha, Thierry Braibant, Émilie Desjardins, Benoît Francès, Joachim Gatti, Cécile Geiger, Christiane Nebon, Jean-Marie Perdrix, Guillaume Tar Leplatois.
Producteur : Jean-Jacques Hocquard assisté de Chantal Duquesnoy,
Marie-Noëlle Sundheimer et Amélie Bataille.
Ce travail a été produit par La Parole errante avec le soutien du Ministère de la Culture (DRAC Île-de-France), du Conseil régional de l’Île-de-France, du Conseil général de la Seine-Saint-Denis,
de la Mairie de Montreuil.
VOIR AUSSI
L’exposition virtuelle sur le site de La Bibliothèque de documentation internationale contemporaine
Les Années 68, un monde en mouvement :
« Nouveaux regards sur une histoire plurielle 1962-1981 »
Camille Claudel à Ville-Evrard
Exposition.
Ville-Evrard, du 8 au 15 mars 2005
L’hôpital de Ville-Evrard invite les visiteurs à un parcours-exposition intitulé Camille Claudel à Ville-Evrard. Ils pourront cheminer dans 5 lieux évoquant le séjour de Camille Claudel à la maison de santé de Ville-Evrard ou elle sera internée à partir du 10 mars 1913.
« Elle est l’artiste maudite, le génie méconnu,
la muse séduite et abandonnée, la femme exploitée,
le talent foudroyé, la beauté engloutie,
la sœur évincée, la fille rejetée, la rebelle séquestrée,
la folle mal entendue »
Danielle Arnoux
Cinq auteurs pour dire Camille Claudel :
Sur ordre du Conseil de la famille Claudel, Camille Claudel sculpteure est embarquée par deux infirmiers pour être menée à la maison (le santé de Ville Evrard. Nous sommes en 1913. La guerre arrive l’année suivante. Deux ans plus tard elle sera évacuée à Montfavet et ne sortira jamais de l’univers psychiatrique. La mère de Camille avait expressément recommandé aux médecins de ne la jamais laisser communiquer avec l’extérieur. Interdite d’envoyer du courrier. Interdite d’en recevoir. Enfermée, isolée, coupée de tous et de ceux qui s’intéressaient à soit travail. Puisqu’il n’y avait que ceux là qui cherchaient sans succès d’avoir de ses nouvelles. Rayée. Elle disparut comme les fous pauvres de la guerre de 40 45 en mourant de faim, victime de la pénurie alimentaire codifiée par le ministère de la Santé du gouvernement Pétain. La génération de l’après guerre ne se soucia luis de cette disparition. Il fallut attendre les années 80 pour que celle qui avait disparu dans l’ombre de Rodin et de Paul Claudel refasse surface. En vingt ans, des femmes, le plus souvent, ont travaillé à rendre sa place à l’artiste, à mettre (écrire) en clair la tragédie qu’elle avait vécue. Chacune au titre de sa spécialité a reconstruit l’univers (le Camille Claudel — comme romancière, comme historienne de l’art, comme psychanalyste.
Il y a
Danielle Arnoux qui a écrit « Camille Claudel, l’ironique sacrifice »
Anne Rivière qui a participé au « Catalogue raisonné »
Marie Magdeleine Lessana qui a publié « Entre mère et fille : un ravage »
Anne Delbée auteur de « Camille Claudel, une femme »
Reine Marie Paris, petite nièce de Camille qui a écrit « Camille Claudel »
Celles qui avancent vers Camille Claudel sont happées non seulement par le personnage mais aussi par la complexité dans laquelle elles s’aventurent.
Anne Delbée parie du « labyrinthe qui mène vers elle ».
« Elle est là bas, elle attend, il n’y a plus un instant à perdre, ce visage là bas qui crie dans la nuit, à moitié scellé, une femme. » Danielle Arnoux ajoute « d’où venait que Camille Claudel (et depuis quand ?) poussait à ce point là, les uns et les autres, et j’en fais partie, à écrire ? ».
Rendre hommage à Camille Claudel c’est aussi mettre en perspective ce qui a « poussé » ces femmes à écrire.
Un catalogue d’exposition a été réalisé Camille Claudel à Ville-Evrard (54 pages) :
Ce parcours a été réalisé par Stéphane Gatti et l’équipe de La Parole errante. Il a été rendu possible par la collaboration entre le Comité Régional du Tourisme d’île de France, le Conseil Général de Seine-Saint-Denis, et l’EPS de Ville-Evard.
Nous et le Mur
Exposition
2007
Paris, janvier à juin – septembre / Montreuil, octobre
L’exposition « Nous et le Mur » est l’aboutissement d’un travail de 6 mois mené au foyer Saint-Jacques, avec Emmaüs, de janvier à juin 2007.
Ateliers de sérigraphies, rencontres, entretiens sonores… L’exposition de ces travaux a eu lieu en septembre au foyer Saint-Jacques puis en octobre à La Parole errante à Montreuil.
Un catalogue d’exposition a été réalisé :
À quelles fins y a t-il des mésanges dans le monde – Rosa Luxembourg(81 pages) :
Le foyer Saint-Jacques a été confié à l’association Emmaüs pour accueillir les sans-abris du canal Saint-Martin. Une expérience qui a duré 6 mois. Dans le bâtiment, il y avait deux structures différentes, un foyer Emmaüs de 60 personnes animé par Mustapha B. et un groupe autogéré, « les enfants du canal » constitué de 25 personnes. Cette expérience, limitée dans le temps se déroula avec une légèreté inhabituelle. L’équipe, les hébergés et les intervenants sont arrivés presque en même temps dans le bâtiment. Ensemble, ils ont inventé un mode de fonctionnement. L’équipe de La Parole errante, dans son travail au foyer, était nourrie par les évènements du canal. Mustapha B. avait le désir que les traces soient gardées de cette aventure. Dans une salle au premier étage, nous avons installé un atelier de sérigraphie qui produisait des affiches autour de la question du « mur ». Dans le foyer, nous avons réalisés des enregistrements de trajets individuels pour rendre compte de la façon dont le rhizome Saint-Jacques s’était construit.
Un rhizome c’est quoi ?
« À la différence des arbres ou de leurs racines, le rhizome connecte un point quelconque, et chacun de ses traits ne renvoie pas nécessairement à des traits de même nature, il met en jeu des régimes de signes très différents et même des états de non-signes. Le rhizome ne se laisse ramener ni à l’un ni au multiple. (…) Le rhizome n’est fait que de lignes : lignes de segmentarité, de stratification, , comme dimensions, mais aussi lignes de fuite ou de déterritorialisation comme dimension maximale d’après laquelle, en la suivant, la multiplicité se métamorphose, en changeant de nature (…). Le rhizome est un système acentré, non hiérarchique et non signifiant, sans Général, sans mémoire organisatrice ou automate central, uniquement défini par la circulation d’états. »
Gille Deleuze in Mille Plateaux
La Particularité des lignes qui se croisent au foyer Saint-Jacques est qu’elles s’inscrivent dans les problèmes que la société n’arrive pas à régler : la violence, la guerre d’Algérie, la banlieue, la DDASS, le mariage, la prison…et qu’elles continuent à s’inscrire dans la détresse qui les a enfantées…Chacun est référé à son état de non-signes. Il n’est plus ce qu’il était, il n’est pas encore ce qu’il fera. Il devient le spectateur de l’accumulation des dénies en suspens.
(Introduction au catalogue)
Ce travail a été réalisé par Stéphane Gatti. Ateliers d’affiches : Stéphane Gatti / Scénographie : Rodolphe Auté / Son : Benoit Artaud / Sérigraphie : Benjamin Gatti / Administration : La Parole errante, Jean-Jacques Hocquard.
Remerciements : À l’équipe du foyer Saint-Jacques et à son responsable, Mustapha Bektaoui / Aux compagnons qui nous ont accueillis et aux hébergés : Abdelesselem, Almani, Amor, Benta, Eddy, Etibar, Ghania, Habiba, Kamel, Pascal, Philippe, Rachid, Sebbana / à l’association Emmaüs.
Production La Parole errante avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication (direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France), du Conseil Régional d’Ile-de-France, du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis et de la ville de Montreuil.
Les Arbres de Gatti : Gatti-sous-bois
Exposition.
Saint-Benoît-du-Sault, du 14 au 28 juillet 2007
Exposition conçue et réalisée par Stéphane Gatti à l’occasion du IXème Festival de la création de Saint-Benoît-du Sault où Armand Gatti était l’invité d’honneur. Édition d’un catalogue d’exposition réalisée par Stéphane Gatti et Reyzane Benchiha : Gatti-sous-bois (épuisé)
Introduction au catalogue de l’exposition : Les arbres sont très présents dans l’histoire de Gatti, que ce soit dans son oeuvre ou dans sa vie. C’est dans les cernes d’un tronc que Litche Liou, personnage de Un homme seul relit la bataille des Sept jours et des Sept nuits. L’arbre a un statut particulier, comme phénomène majeur du monde végétal. Don Tiburcio, dans Le Crapaud buffle dit : « Ma mission est d’entraîner notre peuple …/ vers une nouvelle logique, une logique complice des plantes et des fleurs. » De ces plantes, la plus aboutie, la plus représentative, c’est l’arbre. « O forêt, / seul langage inventé par la terre /pour parler au soleil» écrit encore Gatti dans le poème dédié à Guingouin, le maquisard de Haute Vienne. Et nous retrouvons ces arbres dans la forêt de la Berbeyrolle, protecteurs, mais aussi complices et amis puisqu’ils écoutent les textes de Gramsci que Gatti leur lit pendant ses gardes. Et aussi les forêts nourricières et accueillantes qui seront le chemin de son évasion de Hambourg à Tarnac. Les arbres de la prison de Tulle. Et puis les arbres irlandais du film réalisé avec les jeunes de Derry : Nous sommes tous des noms d’arbres. Et les arbres des rues de Berlin, arbres de Rosa Luxemburg ou de Ulrike Meinhof. Et aussi les arbres de la « Maison de l’arbre » à Montreuil auxquels Gatti demande les nouvelles du monde ou d’un visiteur en retard. C’est donc à travers ses arbres que nous ferons connaissance avec Gatti dans cette exposition, en se demandant peut-être où et comment ces mots pourraient être encore vivants aujourd’hui « Avec les parachutistes, armes et munitions / transformeront la forêt / en forteresse mythe des temps celtiques ».
Production : La Parole errante / Festival Saint-Benoît-du-Sault / La Compagnie Grand Théâtre
Donner à voir – Lucien Bonnafé
Exposition.
Montreuil à La Parole errante, du 17 novembre 2009 au 31 mars 2010
Un travail réalisé par Stéphane Gatti avec Jean-Baptiste Leroux,
Pierre-Vincent Cresceri, Benoît Francès, Benoît Artaud,
Cécile Geiger, Émilie Desjardin.
Une production de La Parole errante.
Cette exposition est consacrée à Lucien Bonnafé. Il était psychiatre. Il se décrivait désaliéniste.
Il a mis au centre de sa démarche d’écoute la poésie, mais pas seulement :
» À la fin de sa vie, Bonnafé écrivait beaucoup. Il luttait contre la mise aux oubliettes. Il a été de certains combats contre Alexis Carrel et le sort réservé aux malades mentaux pendant la guerre. C’est un enseignement clinique structural pour moi. Il m’a passé, à moi comme à d’autres, ce choc extraordinaire qu’a été la guerre pour sa génération. Le désaliénisme n’est pas une décoration, comme l’ont aussi écrit Foucault et les anti-psychiatres italiens. Le pouvoir, lié au savoir, le fait de considérer l’autre comme un objet, a consisté dans un moment historique précis à pouvoir traiter les gens comme on le faisait dans les camps de concentration. Ce sont les psychiatres de cette génération, Bonnafé, Daumezon qui ont comparé l’univers psychiatrique durant la guerre à l’univers concentrationnaire. Il y en a certains qui ne s’en sont pas remis. Il y a différentes façons de ne pas s’en remettre. Certains n’ont parlé de rien et d’autres, comme Bonnafé, se sont sentis porteurs de cette histoire. Celle de la prise de conscience que, dans certaines circonstances, votre position de savoir et de pouvoir en vous autorisant à traiter les gens dans la prétention que vous connaissez leur bien, quel que soit le moment de leur vie, peut vous amener aux pires horreurs. Les pires horreurs ? 40 000 malades morts de faim et de froid. »
Franck Chaumon
Psychiatre
« Notre culture poétique fraye pour nous des voies nouvelles à la communication. Elle nous permet de saisir des évidences neuves. Grâce à elle, nous avons accès à un registre verbal élargi, nous percevons mieux les harmoniques et les résonances, le monde du symbole devient mieux communicable, et notre expression elle-même rend un écho plus juste.
Ainsi, nous devenons plus efficaces. »
Lucien Bonnafé
Une précédente exposition autour de Lucien Bonnafé avait été réalisée en octobre 2005 :
Les Lits, la cuisine et le psychiatre : 5 expositions autour de Lucien Bonnafé
Mardi 17 novembre 2009 à 16h à La Parole errante à la Maison de l’Arbre
Conférence de presse autour de l’exposition
En présence de Hervé Bokobza, Yves Gigou, Roger Ferreri, Paul Machto.
La Traversée des langages d’Armand Gatti
Exposition
Montreuil à La Parole errante, du 27 avril 2011 à fin 2012
L’exposition est ouverte lors des manifestations se déroulant dans la grande salle de
La Parole errante à la Maison de l’arbre
(lien vers : www.la-parole-errante.org / rubrique Actualités / Manifestations à la Maison de l’arbre)
Exposition réalisée par Stéphane Gatti pour la parution du recueil de 14 des pièces d’Armand Gatti de La Traversée des langages aux éditions Verdier (12 avril 2012).
Des manifestations (table-rondes, rencontres, projections,…) se sont déroulées au sein de l’exposition d’avril 2011 à avril 2012 et clôturées par une fête pour la parution du livre de La Traversée des langages.
Le troisième numéro de la Revue AG Cahiers Armand Gatti est consacré à cet ensemble de pièces (parution fin novembre 2012).
La Traversée des langages, cycle de pièces écrit par Armand Gatti depuis 1995, a comme fil conducteur la résistance menée par Jean Cavaillès, à la croisée des langages de la science, de la philosophie, de la poésie. Ces pièces font appel, comme personnages, aux concepts mêmes que Cavaillès manipulait dans sa pratique d’intellectuel : les groupes mathématiques, les hypothèses de travail, les axiomes… Nous sommes très loin de la reconstitution historique qui « enferme l’homme dans sa fiche d’état civil » et, comme l’a écrit Armand Gatti pour Buenaventura Durruti, « nous ne cherchons pas à connaître la couleur de ses yeux, mais comment changent les choses après qu’il y ait posé le regard ».
Cette exposition retrace tout ce parcours d’écriture.
Un catalogue d’exposition a été réalisé :
Hypothèses de travail pour entrer dans La Traversée des langages d’Armand Gatti
Commander le catalogue (392 pages )
25€ + frais de port
Ce travail a été produit par La Parole errante avec le soutien du Ministère de la Culture (DRAC Île-de-France), du Conseil régional de l’Île-de-France, du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, de la Mairie de Montreuil.
Une usine dans les champs
Exposition.
Saint-Benoît-du-Sault, du 27 octobre au 10 novembre 2012
Une usine dans les champs
au prieuré de Saint-Benoît-du-Sault (36)
Cette exposition a été conçue et réalisée par Stéphane Gatti
à partir des entretiens qu’il a menés avec les employés de la Sitram
Vernissage samedi 27 octobre à 17h30
L’exposition sera ouverte tous les jours
du 28 octobre au 10 novembre de 15h à 19h
Production : L’association Grand théâtre et La Parole errante
Un catalogue de l’exposition est paru. Prix de vente : 18€.
Lire l’article paru dans La Marseillaise le 23 novembre 2012
Bernard Saby Variations
Exposition
La Parole errante à La Maison de l’arbre, Montreuil
Du 19 au 27 avril 2013
Bernard Saby est un peintre qui, sa vie durant, a été entouré par la parole des poètes : Michel Butor, Henri Michaux, Armand Gatti, Alain Jouffroy. L’exposition met en scène cette rencontre entre l’image et les mots.
PROGRAMME :
Vendredi 19 Avril
18h : Vernissage.
Samedi 20 Avril
14h : Rencontre avec Michel Butor.
15h : Le Rêve des lichens, texte de Michel Butor lu par Jean-Marc Luneau.
Mardi 23 Avril
18h30 : Rencontre avec Jean-Jacques Plaisance, directeur de la Galerie « Les Yeux Fertiles » où se déroule en ce moment une exposition consacrée aux miniatures de Bernard Saby.
Galerie les Yeux fertiles, 27 rue de Seine, Paris VI.
Jeudi 25 Avril
18h30 : Projection d’un entretien où Jean-Jacques Lebel revient sur le parcours de Bernard Saby. Jean-Jacques Lebel nommé par Felix Guattari « le peintre de la transversalité » fut l’ami et le témoin de la vie de Bernard Saby.
Samedi 27 Avril
15h : Lecture du texte, Le point d’interrogation, un tableau de Bernard Saby, écrit et lu par Armand Gatti.
Ouverture de l’exposition : tous les jours du samedi 20 au samedi 27 avril de 14h à 19h.
Le catalogue Saby Variations, est en vente au Café Librairie Michèle Firk
9 rue François Debergue Montreuil 93100.
Titre : |
Saby variations [Texte imprimé] / [catalogue réalisé par Stéphane Gatti ; Natanaële Chatelain ; maquette, Cécile Geiger]
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Editeur : |
Montreuil : La Parole errante, [2013]
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Description : |
1 vol. (271 p.) : Ill. en noir et en coul. ; 29 cm
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ISBN : |
978-2-86748-024-9
2-86748-024-8 |
Note(s) : |
Bibliogr. p. 268-270
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Table des matières : |
Introduction : Quatre ″décryptations″ / par Stéphane Gatti P. 3. Le classeur bleu : Notes de Bernard Saby / réunies par le peintre lui-même P. 17. Entretien / avec Jean-Jacques Lebel P. 81. L’Usnea diplotypa Wain. en forêt de Fontainebleau / par B. Saby (Paris) P. 91. Un aspect des problèmes de la thématique sérielle / par B. Saby P. 92. Alain Jouffroy, ″Saby ou le labyrinthe″ P.118. René de Solier, ″Cette stratigraphie mathématique (chaque couche est comme numérotée, dans l’art des glacis) est rationnelle″ P. 128. Edouard Glissant, Dédicace et poèmes. (Etait-ce en 1957?) P. 142. Alain Jouffroy, Bernard Saby ″une peinture du possible″ P. 148. Jean Grenier, Le peintre décrit quelque chose qu’il ne voit pas P. 152. Patrick Waldberg, les taches de l’instant pur. Quelques rêveurs P. 166. B. Y., Visite de l’atelier P. 172. Conversation Michel Butor / Bernard Saby P. 176. Michel Butor, La seule drogue P. 182. Michel Conil Lacoste, ″Les réitérations″ de Saby P. 186. Claude Roy, L’écriture de la sensibilité. ″Klee, Wols, Saby ou rien″ P. 188. André Pieyre de Mandiargues, Bernard Saby ou la Vision intérieure P. 196. Jean Guichard-Mieli, Saby, Une biologie imaginaire P. 200. Michel Butor, Pour Saby. Dédicace : l’oreille de la lune P. 224. Armand Gatti, Les Analogues du réel (Une exposition à la Galerie du dragon) P. 246. Armand Gatti, Le (?) un tableau de Bernard Saby P. 252. Natanaële Chatelain, l’espace déborde P. 266. Bibliographie et principales expositions. P. 268
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50 ans de théâtre vus par les trois chats d’Armand Gatti
Exposition.
Montreuil – Avignon 1987
50 ans de théâtre vus par les trois chats d’Armand Gatti
Cette exposition est une rétrospective autour de l’œuvre d’Armand Gatti. Des témoins de sa vie et de son œuvre en sont, pendant un mois, les guides. Avec Robert Abirached, Lucien Attoun, Raymond Bellour, Alain Crombecque, Armand Delcampe, Bernard Dort, Gabriel Garran, Jean Hustel, Pierre Joffroy, Marc Kravetz, Dorothy Knowles, Jean-Pierre Léonardini, Roland Monod, Heinz Neumann-Riegner, Jack Ralite, Madeleine Rebérioux, Jacques Rosner, Pierre Santini, Max Schoendorff, Vivianne Théophilides, Pierre Vial, André Wilms.
Exposition conçue par Stéphane Gatti et Michel Séonnet. Produite par le Centre d’action culturel (C.A.C) de Montreuil et réalisée par La Parole errante. (Montreuil janvier 1987, Avignon juillet 1987).
Affiche : Laurent Pinon / Fonds documentaire Armand Gatti © La Parole errante
Catalogue de l’exposition : Gatti, journal illustré d’une écriture(épuisé) par Michel Séonnet et Stéphane Gatti. Edité par le Centre d’Action Culturel de Montreuil et La Parole errante, 1987. 255 p.
Documentaire autour de l’exposition : 26 visites guidées. VOIR LE DOCUMENTAIRE
Réalisation Stéphane Gatti. Production : Centre d’Action Culturel de Montreuil et La Parole errante, © La Parole errante, 1987. vidéo coul. 55 min.
À l’occasion de l’exposition 50 ans de théâtre vus par les trois chats d’Armand Gatti, présentée à Montreuil en 1987, 26 personnalités (journalistes, directeurs de théâtre, membres du ministère de la Culture, etc.) reviennent sur le parcours d’Armand Gatti. Chacun des intervenants, devant un groupe de visiteurs de l’exposition, évoque de façon personnelle sa rencontre avec l’homme et son oeuvre. L’ordre des interventions reprend chronologiquement la vie d’Armand Gatti. D’abord ses origines pauvres de fils d’immigrés anarchistes installés à Monaco, puis son action dans la Résistance et sa déportation. Les témoignages dessinent peu à peu le portrait de Gatti, puis guident les auditeurs vers son travail théâtral. Le film propose donc un dispositif centré autour de la parole. Pour en souligner l’importance, l’image est grisée (spectateurs et décor comme dans l’ombre), seul l’intervenant est dans la lumière (le coeur du propos). Au fil des discours – parfois lus – de Robert Abirached, Gabriel Garran, Jack Ralite, Jean-Pierre Léonardini, Alain Crombecque, Viviane Théophilidès, Pierre Vial, Lucien Attoun, Marc Kravetz, Madeleine Rebérioux… se confrontent souvenirs et analyses. Se recomposent ainsi les itinéraires multiples du poète, du Résistant, du dramaturge… “On n’est peut-être pas fait pour un seul moi”, disait Henri Michaux cité par Raymond Bellour. Résumé CNC : Tristan Gomez
Lire « La Parole errante » d’Armand Gatti
Exposition.
Seine-Saint-Denis, 1999
Exposition conçue par Michel Séonnet et Stéphane Gatti. Production La Parole errante.
Lire, dire, traduire «La parole errante» (éditions Verdier, 1999)
Un livre est en train de s’imprimer. Il se nomme LA PAROLE ERRANTE. Ecrit par Armand Gatti. Un livre événement, déjà par la taille. 1.800 pages. Pour nous, la question était de savoir comment accompagner l’édition d’un livre quand on n’est ni éditeur, ni correcteur, ni imprimeur, ni diffuseur ? Comment accompagner l’édition de ce livre où les mots qui ont servi au fils d’émigrés, à deux guerres, aux chambres à gaz, au métier de journaliste, à celui d’homme de théâtre se retrouvent en assemblée générale pour envisager une relecture simultanée du présent, du passé, du futur Comment accompagner l’édition d’un livre où la seule réalité revendiquée est celle du langage ?
Editer, c’est peut‑être:
Lire. Seul. En groupe. Chez soi. Dans le train. En discutant. En regardant des films de Gatti. En allant en bibliothèque. En le lisant à la prison de Villepinte, le jeudi matin. En prenant des notes.
Certains allant jusqu’à écrire des comptes rendus. Dire. Seul. En grommelant. En hurlant. En choeur. En groupe comme un tir. En rythme. Dire des morceaux, des pages, des paragraphes. Obéissant à des hasards, des coïncidences, des injonctions, des rencontres. Le dire pour ne pas sauter une page, un paragraphe, une ligne, une virgule. Pour suivre, pas à pas, mot à mot, ce qui se déroule.
Traduire en images. En affiches, en couleurs, en dessins, en photos. En assemblage de signes et d’images pour formuler des possibilités de lecture. Signes, images désassemblés et réassemblés pour cerner de nouvelles possibilités. Convoquer des visages, tous les visages nommés autour des douze matricules qui, réunis, disent l’auteur, autour des trois trajets de l’auteur, portés par les noms et les portraits de Hölderlin, Cafiero et Colomb. Des visages réunis autour du triangle Mythe‑Utopie‑Histoire.
Déja six journaux, 50 affiches et deux rencontres sont sortis de ce travail d’édition.
Six mois après le départ de ce Lire, dire, traduire « La parole errante », nous vous proposons un premier assemblage d’affiches autour des stratégies du verbe être. « Le verbe être est une barricade » Ainsi dressons‑nous pour ce Printemps 1999, notre barricade d’affiches.
Stéphane Gatti. Extrait du catalogue d’exposition Lire « La Parole errante » d’Armand Gatti (30 affiches et un livret pour lire « La Parole errante » d’Armand Gatti) (épuisé).
Ce travail a été produit par La Parole errante avec le soutien du Ministère de la Culture et de la communication , du Conseil régional de l’Île-de-France, du Conseil général de la Seine-Saint-Denis.
LA CALLE – PAOLO GASPARINI
Exposition.
La Parole errante à la Maison de l’arbre, Montreuil. Du 6 au 31 octobre 2015
LA CALLE
PAOLO GASPARINI
Exposition
&
Les figures mythiques du soulèvement
Festival, cycle films-débats, spectacles
Nous accueillons à La Parole errante, Paolo Gasparini, photographe latino-américain dont l’œuvre a croisé celle d’Armand Gatti.
Site consacré à Paolo Gasparini : gasparinipaolo.jimdo.com
L’exposition La Calle (la rue) est composée d’une sélection de photos de Paolo Gasparini réalisées de 1960 à nos jours. Le fil conducteur de l’exposition, c’est la rue comme chaîne de mémoire. Un espace fait de sédiments et de strates où se trament histoires collectives et individuelles. L’exposition nous conduit au Mexique à Tijuana, au Chiapas, à São Paulo, à Caracas et dans les villes européennes, Paris, Berlin et aux États-Unis à Los Angeles ou à New York.
L’univers thématique de Paolo Gasparini est lié au genre de l’essai structuré par des photos prises en direct. Dans un second temps, le photographe juxtapose et associe les images dans une dialectique qui pointe une lecture a posteriori. L’Artiste structure des propositions photographiques à travers des séries d’images articulées en grands réseaux de photographies. Dans le même temps , il organise des systèmes visuels basés sur des thèmes opposés dans le même espace, de sorte que les images sont articulées l’une de l’autre, et réciproquement permet de saisir des sens au-delà de ce qui est reproduit dans chacune d’elles.
Dans l’exposition La Calle (la rue), Paolo Gasparini fait dialoguer deux mondes :
Un pris dans la perspective du dupliqué et de la copie dans les métropoles européennes.
L’autre sans les filtres du reflet dans les villes et villages d’Amérique latine.
En combinant les rues des deux mondes, le discours visuel de Paolo Gasparini souligne et systématise une vision d’auteur sur des espaces différents liés par les signes et les codes de la modernités.
Espaces architecturaux qui, dans quelques cas, sont identifiés par les signaux graphiques et pictographiques produisant des aires et créant des zones urbaines.
Dans le cas des rues de l’Amérique latine, Gasparini montre où vit, dort, mange, travaille et meurt la grande majorité des latino-américains (« Ceux d’en haut et ceux d’en bas »), sur le seuil de la modernité.
Ici, les rues sont couronnées par des annonces ou des affiches ; se constituent l’espace privé des marginaux, mais aussi l’espace de la fête ou de la protestation.
Des villes européennes, l’artiste expose des routes viables, avec des images publicitaires et des slogans, où les piétons flous ou en mouvement sont réfractés et multipliés dans les surfaces translucides de vitrines. Ici, la rue est métaphore du voyage ou des routes : un espace multiculturel, multiethnique et liminaire.
L’ensemble des images constituant l’exposition La Calle (la rue) représente un important corpus de travail qui rend visible les préoccupations éthiques et morales de l’auteur, qui, en un demi-siècle, a documenté, enregistré et témoigné comment « mal vivent » les dépossédés dans les centres urbains et les banlieues du continent américain. Dans cette exposition, on suit aussi le photographe, flâneur européen aliéné par signes iconiques dans des espaces où s’entassent les fétiches de la marchandise.
Paolo Gasparini, dans l’exposition La Calle (la rue), propose un discours sui generis loin des schémas classiques de la présentation et l’interprétation de la tendance documentaire du langage photographique.
L’exposition La Calle (la rue) sera composée de 100 images.
Des audiovisuels seront présentés en parallèle de rencontres et discussions sur le travail de (et avec) Paolo Gasparini et la pratique photographique en Amérique latine.
SAGRARIO BERTI
Paolo Gasparini découvre la photographie en 1953 en Italie. En 1955, il rejoint son frère à Caracas où il travaille comme photographe d’architecture. Figure de la photographie documentaire en Amérique latine, Paolo Gasparini s’attache à mettre en scène la conflictualité dans les métropoles. Le langage photographique est pour lui un outil permettant de questionner les disparités sociales et les conflits culturels et économiques qui touchent les habitants d’Amérique latine. On pourrait parler d’essai photographique, car Paolo Gasparini invente de nouvelles propositions photographiques. Son refus de l’image iconique le pousse à sans cesse trouver de nouveaux modes d’assemblage et d’exposition.
Paolo Gasparini a publié de nombreux ouvrages photographiques qui comptent dans l’histoire de la photographie latino-américaine dont le livre culte Para verte Mejor America latina (Ed. Siglo XXI, 2002). AvecArmand Gatti, il publie Le Ciel est dans la rue : Cuba 1962-1965 (Ed. Toucan, 2007). Récemment il a été exposé à la fondation Cartier à Paris.
Les figures mythiques du soulèvement
Parallèlement, sera interrogé le rapport extrêmement fort qui s’est tissé entre l’Amérique latine et l’Europe autour d’un thème : Les figures mythiques du soulèvement.
Accueillir les photos de Paolo Gasparini à La Parole errante à la Maison de l’arbre d’Armand Gatti, c’est aussi essayer de saisir comment les hommes et les femmes engagé(e)s dans des luttes d’émancipation de l’Amérique latine sont devenues en Europe les figures mythiques du soulèvement. Emiliano Zapata, Che Guevara, Rigoberta Menchu, Yon Sosa, Camilo Torres et le sous-commandant Marcos. Comme si les pays, dont ils étaient les ressortissants, portaient la responsabilité de l’avènement d’un autre ordre social et économique après la disparition du message bolchevik. Etaient-ils aussi une autre manière de penser le politique comme en témoigne les écrits de Marcos ou les rencontres de Porto Alegre.
Dans ce cadre, trois ensembles majeurs de Gasparini seront présentés : un consacré à Che Guevara, l’autre à la photographe Tina Modotti et le dernier intitulé la route de Zacapa.
Des textes d’Armand Gatti rythmeront l’exposition en commençant par des articles écrits en 1954 au Guatemala (Histoire d’une guerre civile, Le Parisien libéré, 25 juin-21 juillet 1954, jusqu’à la pièce de théâtre jouée à Genève au théâtre Saint-Gervais Premier voyage en langue maya avec surréaliste à bord, janvier 1999)
Le poète et le photographe ont traversé toutes ces époques et leurs questions.
L’exposition rendra compte, en images et en textes, de cette longue marche.